Tendances Sexualité 2023-2024 : Voici ce qui intéresse (vraiment) les Français·es, d’après Google

Dans cet article

Entre les débats sur le chemsex et l’impact de la pornographie, la montée des IST et des campagnes de sensibilisation associées, jusqu’aux révélations chocs sur la sexualité des punaises de lit… Une chose est sûre : 2023 aura été une année riche en événements côté sexualité ! Et si la parole se délie sur de nombreux sujets autrefois tabous, comme le sexe chez les seniors, les Français·es sont moins proactifs lorsqu’il s’agit de passer à l’acte : comme le rappellent fiévreusement nos médias depuis un certain temps, notre époque est celle de la récession sexuelle - surtout chez les jeunes.

En cette fin d’année, nous avons jugé bon de nous tourner vers Google pour examiner de plus près les tendances sexuelles qui ont jalonné 2023. Et, cerise sur le gâteau, de vous offrir nos prédictions exclusives pour 2024 !

Les 6 débats sur la sexualité qui ont marqué 2023

De la montée de l’abstinence aux cours d’éducation sexuelle en Belgique : quelles discussions ont enflammé la Toile cette année ? Petit tour d’horizon.

1. Chemsex : le tabou tombe

C’est un sujet qui est longtemps resté tabou dans la communauté LGBT+. Le chemsex consiste à prendre des drogues pendant l’acte sexuel afin d’augmenter le désir, les sensations et la puissance des orgasmes. Souvent pratiqué en groupe dans les milieux libertins, il comporte de nombreux risques, dont celui de ne pas se protéger contre les IST pendant les rapports. Cela fait quelques années que les associations alertent sur ce phénomène très répandu dans la communauté LGBT+ et sur ses conséquences néfastes sur la santé physique et mentale.

Le sujet est aujourd’hui abondamment traité dans les médias, surtout avec l’affaire Pierre Palmade survenue en février 2023. Les données de Google indiquent un pic de recherches sur le chemsex au moment de l’affaire.

Recherches en ligne : chemsex

Quelques semaines plus tard, le Monde publiait un article qualifiant le chemsex de question de santé publique. Les personnes dont la vie est négativement affectée par le chemsex ont désormais de nombreuses ressources à leur disposition. Santé Publique France s’est notamment associé à l’association AIDES pour promouvoir une information non culpabilisante ainsi qu’un numéro et un groupe de soutien.

2. L’éducation sexuelle sous le feu des projecteurs

D’après la loi française, les écolier·ères, collégien·nes et lycéen·nes doivent assister à un minimum de 3 séances d’éducation sexuelle par an. Hélas, la réalité sur le terrain est toute autre. Un sondage mené par Sidaction a démontré que 67 % des jeunes de 15-24 ans n’ont pas bénéficié de toutes les séances prévues, tandis que 17 % affirment n’avoir pas reçu le moindre cours ! Le scandale a éclaté en mars 2023, quand plusieurs associations ont déposé plainte contre l’État afin de rectifier la situation.

Les débats actuels sur l’éducation sexuelle ne concernent pas seulement le manque de sessions, mais aussi le contenu. Le Ministère de l'Éducation inclut les sujets suivants :

  • Prévention des risques d’IST
  • Promotion de l’égalité hommes-femmes
  • Contraception
  • Risques liés à Internet

Pour certains parents, c’est déjà trop : à leurs yeux, ces sujets relèvent de l’intime et n’ont pas à être enseignés à l’école. D’autres s’opposent à l’inclusion de la lutte contre les stéréotypes de genre. Une chose est sûre, les discussions ne sont pas près de s’arrêter, surtout avec la récente réforme de l’éducation sexuelle en Belgique. Le pays voisin de la France propose des contenus plus ambitieux qui font parler d’eux dans l’Hexagone.

3. Quand les jeunes ne font plus l’amour

Début 2023, une nouvelle étude IFOP sur la sexualité des Français·es jetait un pavé dans la mare. Elle révélait en effet que 43 % des jeunes de 18-25 ans n'avaient pas eu de relations sexuelles en 2022. La nouvelle a aussitôt donné lieu à tout un éventail de titres sur le thème de la « récession sexuelle ». Un phénomène qui ne touche pas que l’Hexagone, puisque les médias américains s’en inquiétaient bien avant nous.

Pourquoi les jeunes ne font-ils plus autant l’amour qu’avant ? Les spécialistes avancent des explications diverses et variées, parmi lesquelles :

  • Usage accru de la pornographie
  • Mode de vie plus casanier
  • Augmentation de la dépression et de l’anxiété

Mais si les hypothèses d’expert·es abondent, force est de constater quon manque de sondages permettant d’explorer ces raisons auprès des premier·ères concerné·es.

4. L’impact de la pornographie sur la sexualité

C’est une autre étude qui a beaucoup fait parler d’elle. Publiée par IFOP en septembre 2023, elle montre qu’une haute consommation de sites pornographiques mainstream est corrélée à l’acceptation de stéréotypes sexistes et violents chez les hommes jeunes. Par exemple, 34 % de ceux qui regardent des films X à un rythme hebdomadaire admettent ne pas toujours avoir respecté le consentement de leur partenaire (contre 10 % pour ceux qui affirment ne pas en regarder).

L’étude est parue une semaine après un rapport accablant, du Haut conseil à l’égalité, sur la pornographie, alors même que l’Assemblée examinait un texte destiné à limiter l’accès des mineur·es aux sites X. La question de l’impact des films pornographiques sur notre sexualité (surtout celle des jeunes) occupe donc de plus en plus de place dans l’espace médiatique et public. Elle est d’autant plus importante que, faute de cours d’éducation sexuelle suffisants, c’est très souvent là que les adolescent·es vont assouvir leur curiosité…

Sans compter qu’avec les progrès de l’intelligence artificielle, un nouveau problème s’invite dans le débat sur la pornographie : les deepfakes. Il est désormais possible de manipuler des images et vidéos grâce à l’IA pour créer des fausses vidéos avec une personne réelle - et la supercherie n’est pas toujours évidente. Sans surprise, les premières victimes en sont les femmes et les jeunes filles.

5. Viagra : attention aux faux médicaments !

En mai 2023, un duo de commerçants français passait devant les tribunaux pour trafic de faux médicaments. Pendant deux ans, ils avaient revendu en douce des milliers de pilules de Viagra falsifiées, commandées auprès de laboratoires clandestins en Asie. Au total, ce sont 270 000 € en liquide qui ont été découverts et confisqués à leur domicile.

Le Viagra est un des médicaments les plus contrefaits au monde, avec les antibiotiques et les antirétroviraux contre le VIH. Les ventes ne font qu’augmenter ces dernières années et représentent un danger important pour la santé des utilisateurs, car les fausses pilules contiennent des molécules 30 à 68 fois plus dosées que leurs homologues légales. C’est pourquoi il est interdit d’acheter du Viagra sur Internet, en revanche il est possible d’obtenir une ordonnance via un médecin en ligne pour se rendre ensuite en pharmacie.

6. La sexualité des punaises - et leur impact sur la nôtre

C’est le débat qu’on attendait le moins. La rentrée des classes a ramené le sujet des poux et des punaises de lit sur le tapis, sauf qu’en 2023, une autre variante s’invite dans l’équation : la sexualité ! Incroyable mais vrai, les punaises de lit ont une vie sexuelle hors norme dans le règne animal. Les recherches du spécialiste Jacques Carayon ont montré que ces insectes copulent deux cents fois par jour, et volontiers avec d’autres espèces. Sans parler d’autres originalités comme les vagins secondaires des femelles et la fécondation à distance…

Des pratiques sexuelles insolites, qui risquent fort d’affecter les nôtres au passage. Car ce n’est pas évident de se mettre dans l’ambiance quand le lit devient un guet-apens et que le corps démange de partout ! Les punaises de lit causent des réactions dermatologiques désagréables mais génèrent surtout une grande anxiété, par peur de les ramener chez soi ou parce qu’on n’arrive pas à s’en débarrasser. Que ce soit par psychose de la contagion (même sans présence de punaises avérée) ou à cause d’une peau abîmée, on peut penser que l’inquiétude vis-à-vis des punaises impacte le passage à l’acte, surtout quand la romance en est à ses débuts et que les deux personnes ne se connaissent pas très bien.

Alors, les ardeurs des punaises finiront-elles par freiner celles des Français·es ? Affaire à suivre.

3 fun facts sur les Français·es et le sexe, d’après Google

Les données de Google peuvent révéler des petites choses parfois intéressantes sur ce que les internautes recherchent en matière de sexualité. Nous avons sélectionné trois pépites pour l’année 2023.

1. Sexe et politique : pas de favoritisme !

Les élections sénatoriales françaises ont eu lieu le 24 septembre. À cette date, les recherches en ligne sur le sujet ont explosé. Rien d’étonnant jusqu’ici … sauf que le même jour, un autre sujet attisait la passion des internautes : la sortie de la quatrième saison de Sex Education. Pour les Français·es, pas question de faire du favoritisme entre la sexualité et la politique !

Recherches en ligne : sex education et élections sénatoriales

2. Le cunnilingus, une lubie de Parisiens ?

On ne sait trop qu’en penser, mais les données sont formelles : les recherches en ligne sur le terme « comment faire un cunnilingus » se font exclusivement … en Île-de-France. Dommage que la centralisation aille jusque-là.

Recherche en ligne par région : comment faire un cunnilingus

3. « Comment faire l’amour ? » demande Internet

Il est certaines questions qu’on n’ose pas trop poser à ses ami·es, sa gynécologue, ou son chien. Fort heureusement, Internet est riche de savoirs - et discret, ce qui ne gâte rien. Alors, que demandent les internautes à Google ? Si la question n°1 est réjouissante et même romantique, les deux autres sont d’ordre pratique.

Les questions les plus posées sur le sexe et la santé sexuelle en 2023

(Avis à ceux qui se posent la question n°2 : la réponse est oui)

2024 sera-t-elle l’année de la santé sexuelle ?

Les infections sexuellement transmissibles (IST) telles que le VIH, la syphilis et la gonorrhée sont en augmentation ces dernières années. Un problème aggravé par la baisse des dépistages pendant la pandémie de Covid-19. Que nous révèlent les recherches web des Français·es sur la santé sexuelle ?

1. L’intérêt pour les dépistages augmente

D’après Google, 2023 a connu une très forte augmentation des recherches autour des centres de dépistage :

Hausse des recherches en ligne sur le dépistage IST

Une tendance que semblent confirmer les dernières données en date, car après une baisse en 2020, les dépistages étaient légèrement en hausse en 2021.

2. IST : boom des recherches en ligne

Les infections pour lesquelles le volume de recherches a fortement augmenté en 2023 sont l'herpès génital masculin (+250 %), le VIH (+190 %) et la syphilis (+100 %).

Ces IST sont parmi les plus fréquentes en France. Ainsi, on estime que 270 000 personnes souffrent d'herpès chaque année. Les chiffres annuels sont de 9 291 pour la syphilis et 5 013 pour le VIH (2020). Pour prévenir ces infections, le test de dépistage est essentiel.

3. Top 3 des campagnes de prévention

Pour sensibiliser à l’importance de la prévention, les associations font preuve d’imagination et s’invitent sur les réseaux sociaux. Plusieurs campagnes anti-IST ont été organisées en 2023. Nous en avons retenu trois en particulier qui ont trouvé écho dans les médias :

  • Les Tubes qui Protègent

Lancée fin 2022, cette campagne de Sidaction est particulière car elle s’adresse à une population longtemps négligée des politiques de prévention : les seniors. Elle s’appuie sur les meilleures chansons populaires françaises, modifiées pour inclure des messages de sensibilisation.

  • #Dépistez-les toutes

Le Planning Familial a lancé début octobre une campagne sur Instagram afin d’informer sur les différentes IST et comment s’en protéger. L’association évoquera aussi des problèmes liés à la santé sexuelle qui ne sont pas en soi des infections - par exemple, les morpions.

  • TikTok contre les IST

Cette campagne de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Bergeracois (Dordogne) propose aux jeunes un quizz pour tester leurs connaissances en matière de IST, accompagné d’une vidéo de prévention sur TikTok. Le but est de diffuser éventuellement le questionnaire aux établissements scolaires.

4. Perspectives : enfin une pilule contre les IST ?

2024 offre de l’espoir dans la lutte contre les IST avec l’introduction d’une nouvelle arme : doxyPEP. Cet antibiotique à prendre après les rapports sexuels est censé considérablement réduire les risques de contracter la syphilis, la gonorrhée et la chlamydia. Les études montrent de bons résultats pour les hommes cisgenres et femmes transgenres. On peut donc s’attendre à un boom des prescriptions pour ces catégories une fois que le traitement sera validé.

Mais la question se pose : l’usage de l’antibiotique va-t-il s’accompagner d’un relâchement dans celui du préservatif ? Rassuré·es à l’idée de prendre une pilule anti-IST, les utilisateur·rices pourraient penser que les mesures de protection élémentaires ne sont plus nécessaires. Par ailleurs, des spécialistes s’inquiètent de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques que l’usage de doxyPEP peut provoquer. Le sujet se retrouvera certainement à l’honneur dans les discussions sur la santé sexuelle en 2024.

Nos prédictions : les tendances sexualité pour 2024

Du sexe sans lendemain à pas de sexe du tout : voici un aperçu des tendances sexuelles pour 2024. Certaines ont de quoi surprendre :

1. Top 5 des positions sexuelles qui auront la cote

Certaines positions et activités sexuelles ont vu grimper leur cote de popularité cette année, affichant une forte hausse des recherches en ligne par rapport à 2022. Voici les tendances du moment :

Les 5 activités sexuelles tendance en 2024

En cinquième place, l’intérêt accru des Français·es pour le missionnaire montre que les traditions ont encore du bon !

2. Sexualité sans attaches : sex friends et coups d’un soir

Les Françaises s’adonnent de plus en plus au sexe sans attaches. Telle est la conclusion d’une étude de l’IFOP parue fin 2022, qui révèle que 49 % des moins de 25 ans ont déjà eu « un coup d’un soir », tandis que 41 % ont eu au moins un sex friend. À titre de comparaison, en 2017, seules 38 % affirmaient avoir un « plan Q ». Par rapport à ses voisins européens, la France apparaît comme un des pays les plus libérés sur la question.

C’est une tendance claire pour 2024 : le sexe sans lendemain gagne du terrain dans l’Hexagone… et sur le web. D’après Google, les recherches autour du terme « sex friend » ont augmenté de 157 % cette année.

3. Le tantrisme pour pimenter sa vie de couple

Le tantrisme est un ensemble de rituels et pratiques ancestraux originaires d’Inde, qui vise à accéder au monde spirituel via l’énergie sacrée de la sexualité. Le tantrisme permet d’être plus à l’écoute de son corps et celui de son ou sa partenaire, d’améliorer la puissance des orgasmes et de contrôler sa jouissance. Il fonctionne sur le principe de la méditation, incitant à se concentrer sur ses sensations dans l’instant présent.

Le tantrisme gagne de plus en plus en popularité, comme en témoignent les recherches en ligne : on constate une augmentation de 200 % depuis l’an dernier, ainsi qu’une explosion des articles sur le sujet dans les magazines de santé et féminins. Les Français·es sont de plus en plus attirés par le slow sex et expriment le désir de se reconnecter à leurs corps et leurs sensations - pour une sexualité saine et épanouie !

4. Du slow sex au no sex : la sexualité en question

Tandis que les un·es s’éclatent avec des inconnu·es en soirée et que les autres s’essaient au Kamasutra, un autre groupe choisit une voie différente : le no sex, plutôt que le slow sex. 2023 est l’année où le terme de récession sexuelle est entré dans le vocabulaire médiatique, accompagné des concepts d’abstinence et d’asexualité. De plus en plus de jeunes font non seulement l’impasse sur la sexualité, mais revendiquent ce choix explicitement, à l’instar de la réalisatrice Ovidie qui a réalisé un podcast sur le sujet en 2021, « Vivre sans sexualité ».

Considérant la couverture médiatique sur la récession sexuelle, il semble que la remise en question de la sexualité comme élément essentiel de l’épanouissement humain ne fait que commencer. S’agira-t-il du débat-phare de 2024 ? L’avenir nous le dira.

Droits d’usage

Toute reprise du contenu de cet article doit s’accompagner de son éditeur : ZAVA ainsi que d’un lien hypertexte vers l’étude intégrale sur zavamed.com/fr/ pour les supports digitaux.

Pour toute demande d’information ou de visuel, contactez le service de presse à l’adresse : presse@zavamed.com